Une centaine de personnes s’étaient donné rendez-vous au club-house de la base nautique de l’ile de Monsieur  samedi 12 janvier pour accueillir Stéphane Le Diraison. L’occasion de rencontrer les adhérents de Nautique-Sèvres et revenir sur les courses passées « Je suis très fier d’être ici avec  vous » avouait en préambule Stéphane avant de revenir en détail sur  la course du Rhum 2018 où il a terminé au huitième rang des Imoca.

Il a notamment décrit les trois dépressions qui ont touché les navigateurs au début de la course : La première avec  des  vents de force 7 à 8, la deuxième à l’approche du Cap Finistère où il a fallu faire face à 6 m de houle au près et la troisième qu’il a fallu affronter de face. «  J’étais alors en 6° position mais il m’a fallu réparer un caisson de ballast fissuré et surtout j’ai perdu une voile. Celle-ci d’un poids de 80 kg, sanglée sur le pont a été arrachée par les embruns et cela a changé toute ma course. En effet, c’était la voile de l’alizé. J’ai dû pour le reste de la course effectuer des décalages pour avoir plus de vent ». Il revient également sur le tour de l’île alors qu’il n’avait pas dormi depuis 36 h : «  Il faut constamment chercher ses limites sans se dépasser ».

Stéphane a développé pour nous la gestion du sommeil (le corps est fascinant et l’on peut aller très loin dans la gestion des ressources), l’endurance (un changement de voile demande 45 minutes d’effort, un empannage 30 à 45 min), le temps libre à bord (il faut lire un peu pour se reposer l’esprit) et a répondu aux questions des passionnés. Notamment sur le démâtage de son bateau au large de la Tasmanie lors du dernier Vendée Globe : « La voile est un sport mécanique et en 2016, même si nous n’avions pas un budget considérable, nous avions tout changé. C’est une poulie qui avait une capacité de 15 t qui a cédé, à cause d’un défaut d’anodisation qui a occasionné un départ de fissure. Juste avant le démâtage, j’avais eu un départ à l’abattée avec le mât dans l’eau et 3 heures 30 d’efforts pour remettre le bateau droit. Il y a eu un choc entre la bôme et la poulie, choc que je n’ai pas vu ». Et lors du dernier coup de vent fort, la poulie a cassé et le mât a flambé. Dans ces cas-là, il ne s’agit pas de faire n’importe quoi. « Je suis d’abord rentré dans la cabine pour prévenir, sécuriser la situation en passant la combinaison de survie et pratiquer une méditation, respirer à fond avant d’entreprendre toute action. Il fallait tirer le bilan, tout dégager (il faudra 24 heures de travail) en faisant particulièrement attention avec les filières arrachées, le bateau et travers par rapport à la lame, dans un vent de force 8…. J’ai réussi à récupérer la bôme qui mesure 8,80 m et pèse 75 kg, ce qui avec la voile doit avoisiner les 100 kg. « C’est l’instinct de survie qui vous pousse à établir un gréement de fortune alors que vous êtes près de la limite des glaces ». Il faut monter ce tube à la verticale se souvient Stéphane alors qu’ « au même moment,  la communication du Vendée Globe voulait que je réponde à une interview en direct. Et puis c’est le moment d’euphorie lorsque vous arrivez à monter le tourmentin et reprendre le contrôle du bateau ».

Un discours de passionné qui a particulièrement touché les nombreux voileux présents dans la salle. Stéphane le Diraison est également revenu sur ses premiers pas dans la voile lorsque adolescent, son père pour le responsabiliser, lui a acheté une coque de bateau échouée dans une vasière. « il y avait un trou énorme dans la coque et mon père m’a dit : c’est ton bateau et je vais t’apprendre à le réparer. Stéphane se rappelle alors avec quelle émotion et quel plaisir il a alors appris à naviguer du côté de Houat, Heidic et Belle ïle. «  Il faut croire en ses rêves et se donner les moyens de les réaliser » souligne t’il.

Enfin, Stéphane a évoqué les futurs rendez-vous avec la Transat Jacques Vabre en Octobre 2019 et le Vendée Globe 2020. Pour cette dernière course qui accueillera 30 bateaux, il faut pouvoir se qualifier et un programme de 7 courses a été mis sur pied. Stéphane a participé aux deux premières qu’il a terminé à un bon rang : « Je suis désormais qualifié à 99% pour le prochain Vendée Globe. Lorsqu’il en parle, Stéphane a toujours des étoiles dans les yeux et il a su nous faire partager cette passion. Merci Stéphane !