C’est par une superbe journée ensoleillée, avec juste ce qu’il faut de vent que nous avons mis à l’eau notre Seil 18, désormais baptisé « Stella di Mare ». Les trois charpentiers ( Jean-Pierre Havard, Marc Ernatus, Michel Defaux) qui s’étaient relayés toute l’année (nous avons commencé à assembler ce bateau en mars 2017) et notre présidente Malika Adassen-Taleb étaient à bord pour ce premier essai concluant, piloté par notre skipper Jacques Lafon (merci Jacques). Le bateau est bien assis sur l’eau, remonte bien au vent, la voile qui porte le N° 147 porte bien… René Siot, fondateur et président d’honneur du club a pris la parole pour rappeler que « Nautique-Sèvres est le seul club de voile en France a construire ses propres bateaux »
Bref, les cinquante personnes présentes sur la base de l’Ile de Monsieur ont apprécié ce moment rare : le dernier bateau baptisé à Sèvres était le canot à moteur Austin-Healey de François Batiot il y a maintenant deux ans.
C’est désormais arrimé au ponton que vous pourrez voir notre Seil 18. Rappelons que ce bateau, un voile-aviron de 4,50 m de long dessiné par l’architecte naval français, François Vivier dont nous possédons déjà 4 exemplaires a le grand avantage de pouvoir emmener jusqu’à 5 personnes qui peuvent être des stagiaires pour l’Ecole de Voile ou des personnes à mobilité réduite (PMR).
Sa forme de prame lui donne une grande stabilité et donc de bonnes performances sous voile au près, ainsi qu’un comportement nautique très sain et sûr, y compris aux allures portantes. La grande voile au tiers est amurée au pied de mât et n’a pas à être changée aux virements de bord. Sa surface mouillée modérée, avec un tableau bien dégagé, en fait en même temps un très bon bateau d’aviron. Cette nouvelle version du Seil (dit Seil 18), en contreplaqué-époxy de 9 mm d’épaisseur a été étudiée début 2008 pour y intégrer le meilleur des améliorations apportées au Seil au fil des ans : bancs latéraux, planchers pouvant constituer une plateforme pour coucher à bord, rangement moteur hors-bord…
Près de 500 heures de travail
Les premiers travaux ont commencé en mars 2017 par le rangement de toutes les pièces bois et leur ébavurage. La découpe à l’outil fraise sur machine à commande numérique a le grand avantage de nous donner des formes précises mais laisse des petits ergots et des bavures qu’il faut enlever à la lime à bois et au papier de verre. Ensuite, les pièces ont été rangées et annotées pour constituer des ensembles. Par exemple, nous avons 9 bordés composés chacun de trois éléments, ce qui fait 27 pièces à identifier, ébavurer et regrouper avant le prochain collage époxy des scarfs. Ces éléments en contre-plaqué marine ont été imprégnés par résine époxy, notamment la tranche des pièces pour éviter toute infiltration de l’humidité. Nous avons ensuite construit le mannequin qui sert de référence pour le montage des couples, du puits de dérive, du tableau arrière et de la marotte (partie avant du bateau). Toutes les pièces constitutives ont été soigneusement préparées : par exemple le puits de dérive suppose l’assemblage (époxy et vis) de pièces de bois et contre-plaqué marine, renforcées par la dépose en interne de tissus de verre + époxy.
Le tableau arrière nécessite le collage de deux pièces en contre-plaqué marine et la mise en forme des contours inclinés pour accepter les bordés. Enfin, la marotte est constituée de plusieurs tasseaux de sipo pour constituer une pièce robuste de 30 mm d’épaisseur. Jean-Pierre a ensuite passé beaucoup de temps à la découper en respectant les différents angles sur le pourtour. Le puits de dérive a été positionné en place et collé sur les couples correspondants. La marotte (le nez du bateau) et le tableau arrière ont été positionnés et fixés avec précision. Cette opération réalisée, nous avons posé le premier élément de la coque : la sole ( bordé de fond). Celle-ci a été suivie des deux premiers galbords et des clins suivants. Au total, la coque comportait neuf éléments tous collés à la résine époxy.
Une fois cette étape de la construction de la coque terminée (renforcée par deux couches de tissus de verre), nous avons retourné le bateau pour réaliser toutes les finitions intérieures : construction et remplissage des coffres de flottabilité, mise en place des planchers et des bancs, renforts à l’avant et à l’arrière par des étambots, couvercle de coffre, pose d’un cordage de gros diamètre pour protéger l’avant sans oublier les peintures et vernis. La dernière étape a consisté en la réalisation du mât et de vergue avec les opérations de matelotage que cela suppose. Une construction terminée par la pose du nom « Stella di Mare » en décalcomanie. Ce Seil 18 pouvait retrouver ses quatre autres camarades. Bon vent !
(Merci à Oscar Brouchot de Hydro Vinci pour les photos)